Qui n’a pas entendu certains clients se plaindre de leur avocat ?
J’entends souvent de la part de nouveaux clients que leur précédent conseil ne « faisait rien », qu’ils « n’y comprennent rien » et qu’ils veulent que « cela avance », …
N’est-il pas légitime de vouloir que son dossier avance ? Si, bien sûr !
Cependant, est-ce pour autant la « faute » de l’avocat ? Il ne faut pas se voiler la face, parfois, il convient malheureusement de répondre par l’affirmative … mais c’est plutôt l’exception que la règle.
Remèdes ou solutions ?
D’abord, je crois profondément à la bonne communication, la transparence et la disponibilité pour le client et ce dès le départ :
- Bonne communication : communiquer, cela va de soi … mais comment ? Lors du premier entretien, il est important que tant le client que l’avocat se mettent sur « la même longueur d’ondes », c’est-à-dire utilisent un langage clair et définissent ensemble où on va et comment on y va ; ensuite, durant la relation client-avocat, les deux ne doivent pas avoir peur de dire les choses, si l’un ou l’autre a une question sur la manière dont son dossier avance ou la raison pour laquelle il y a un retard particulier, il faut pouvoir en parler ;
- Transparence : établir le cadre de la relation de confiance qui doit se nouer dans le respect et la transparence tant par rapport aux frais et honoraires, que par rapport à ce que chacune des parties attend de l’autre ;
- Disponibilité : certains justiciables « mangent et dorment avec leur dossier dans la tête» et sont parfois tenté de téléphoner tous les jours à leur conseil … Disponibilité, oui, openbar, non !
- Certains cabinets permettent à leur client d’accéder au dossier par un partage électronique dans la mesure permise par l’obligation de confidentialité. Ainsi, à tout moment, le client peut voir où en est son dossier … c’est une manière d’être rassuré mais cela a un prix (installation informatique, logiciel professionnel, … qui doit être répercuté au client). Une correspondance récapitulative peut aboutir au même résultat.
Mais la durée du traitement du dossier dépend de beaucoup de facteurs sur lesquels l’avocat a tantôt un rôle à jouer, tantôt ils ne dépendent pas de lui.
J’ai à cœur de placer le client au centre de la procédure en tant qu’acteur en l’accompagnant à chaque étape.
Aussi, je pense qu’il est important d’aborder la question de la « durée du dossier » :
- En expliquant qu’une approche amiable peut être plus avantageuse pour le client qu’un long procès (au niveau de la solution du litige mais également au niveau des frais et honoraires),
- En s’obligeant à surveiller sa bonne communication dès le début du dossier notamment en estimant la durée approximative de son traitement et en expliquant les aléas qui pourraient le rendre plus long :
- l’arriéré judiciaire : savez-vous qu’à Bruxelles, par exemple, pour obtenir une date de plaidoiries à la Cour d’Appel correctionnelle, cela se compte en années,
- une mesure avant-dire-droit prononcée par le Juge : peut-être que personne ne l’aura demandée, mais le Juge n’envisage pas de se prononcer sans l’avis d’un expert (certains sont complètement noyés par le travail, d’autres ne sont pas provisionnés par les parties et le dossier peut ainsi traîner pendant des mois),
- pour une raison indépendante de la volonté des parties, le détenu, un des Juges, un Substitut du Procureur du Roi ou un des avocats est malade ou en retard, l’affaire pourrait ainsi être remise et ne pas être plaidée avant plusieurs semaines ou parfais des mois,
- une partie qui d’un coup intervient en cours de procès et demande à consulter un avocat à la dernière minute, le Juge pourrait le lui permettre en remettant l’affaire,
- une réouverture des débats : les parties ont déjà conclu et plaidé mais le Juge décide de ne justement pas décider sans les entendre sur un point qu’elles n’ont pas abordé,
- l’affaire a été plaidée et le jugement devrait être prononcé … mais certaines juridictions les rendent parfois avec plus d’un an de retard !
- En surveillant sa bonne communication aussi pendant le traitement du dossier : en s’imposant une correspondance régulière (mais pas du papier pour du papier). L’attitude de la partie adverse qui est procédurière peut allonger la durée de traitement du dossier, de même que le refus catégorique d’envisager de transiger sur de menus aspects.
Mais le client aussi peut faciliter cette communication en favorisant la négociation, en communiquant l’ensemble des documents demandés en un seul mail, en préparant dans les meilleurs délais des dossiers complets, en évitant la multiplication des mails, messages téléphoniques (fixe/gsm), et même parfois sms ou WhatsApp !
En conclusions, OSONS ! Dans la relation entre un client et son avocat, il est dommage de rester, comme dans la vie, sur un malentendu. Parfois, un simple terme peut être mal compris par l’une des parties et crisper, voire rompre le dialogue. Osons aborder un point qui nous tient à cœur au profit d’une relation saine et constructive !